Un défilé de mode dans cette petite ville (Libre)

C'était au tour de Léanne de monter sur le podium et de défiler.Une fois qu'elle eut bu encore un peu d'eau, une maquilleuse s'approcha d'elle pour mettre une dernière touche à son maquillage et un coiffeur lui arrangea sa coiffure très ébouriffé, à l'extravagance de celui qui avait organisé ce défilé: un riche créateur américain dont la marque n'était pas encore aux rangs des plus grands comme Dolce&Gabbana, Givenchi ou Dior.

La jeune fille prit une profonde inspiration, essayant d'oublier sa migraine et avança alors d'une démarche chaloupée et fut acclamée par les applaudissements du public enthousiasmée devant la superbe robe noire pailletée, courte, bouffante et très serrée au buste pour mettre en valeur sa taille de guêpe, qu'elle portait.

Les bottines portée par Léanne étaient élevée par des talons aiguilles d'une dizaine de centimètre mais habillement elle traversa le podium.Devant ce corps parfait qu'elle entretenait en ne mangeant peu depuis ses 14 ans, devant ce visage maquillée à outrance mais gardant sa beauté initiale et devant ces vêtements et parures tous plus beaux les uns que les autres la jeune mannequin ne ressemblait pas une adolescente de 16 ans mais plutôt à une jeune femme de 18 ans.

Arrivée au bout du podium elle effectua un demi-tour sur elle-même, montrant tous les aspects de sa robe et marcha dans la direction inverse.Comme c'était une des plus belles pièces de la collection, elle dût effectuer le chemin deux fois et souria à un jeune homme qu'il lui plaisait dans le public.Malheureusement, son état s'aggrava et elle pensa pas pouvoir terminer la présentation de cette robe.

°Bon Dieu!Qu'est-ce qui m'arrive encore?Chaque fois c'est pire...°

Peu à peu elle sentit la transpiration venir et sa tête tourner de plus en plus comme si elle était ivre ou droguée, jusqu'à ce qu'elle n'entende plus qu'un bourdonnement dans ses oreilles et qu'elle sente la nausée venir.
Mécaniquement elle se mit à compter les secondes qui la séparaient des coulisses.C'était un supplice de continuer car ses jambes commençaient à trembler sans qu'elle puisse les retenir et la pièce perdait dangereusement de la clarté avant de sombrer dans les ténèbres, là où elle ne distinguait plus rien.

°Je suis aveugle!!Plus que 15 secondes..Tiens bon..Ne fait pas de scandale et contente toi d'avancer...10 secondes...8...7...6..5...4...3...2...°

Elle franchit la ligne des coulisses sans voir clair,lorsqu'un autre mannequin prit la relève car c'était son tour.A peine l'eut-elle franchit que tous les gens présents entendirent le bruit d'un corps qui tombe sur le carrelage, sans force accompagné d'un gémissement de douleur mélangé à une peur.La tête de Léanne ainsi que ses bijoux rebondirent 2 fois sur le sol dans un horrible son avant de s'immobiliser.C'est alors que tout devient calme pour elle, elle n'entendrait plus rien maintenant..Pas même sa respiration...

Loin de cette salle, rue de l'allée mystérieuse, un appel retentit.C'est Jean-Martin, le père de Léanne qui décrochai le combiné téléphonique.On lui annonçait que sa fille venait d'avoir un malaise lors du défilé.Son visage blêmit rapidement et sa femme, nommé Marylin, accourut auprès de lui et brancha le haut-parleur.
Elle comprit très vite la situation et devint vite en pleurs, folle d'inquiétude.Une fois que son époux eut raccroché, il prit celle-ci dans ses bras, tentant de la rassurer.

-Ma chérie, calme toi.C'est un simple malaise.Rappelle toi combien de fois elle en a fait!

Marylin n'arrivait pas à calmer ses pleurs.Elle était inquiète pour sa petite fille, rien de plus normal.Les deux parents se pressèrent de s'habiller et grimpèrent dans la voiture pour les mener sur le lieu d'accident.Le trajet fut bref car Jean-Martin appuyait sans doute un peu trop sur l'accélérateur.Mais malgré tout, Marylin ne put s'empêcher de transmettre sa peur à son mari.

-Et si c'..C'était... plus grave!Nous n'étions même pas à ses côtés lorsque s'est arrivé!

-Je ne pense pas.Un médecin était là et l'a pris en charge.

Il faisait des phrases courtes, de peur que sa voix ne déraille.Il était mort de peur lui aussi.Le couple s'en voulait, car ils savait que depuis quelques temps elle ne prenait plus de temps pour elle et n'avait même plus de vie.Elle ne dormait que quelques heures par nuit, suivait un régime draconien et courrait toute la journée.A ce rythme là personne ne pouvait survivre éternellement.Et pire encore lorsque la personne a un problème de tension artérielle, celle-ci étant trop faible, même à la normal.

-J'ai peur!

-Calme toi, ma chérie.Nous y sommes presque.

Une fois arrivé, ils se ruèrent dans le bâtiment, pressant les gardes qui maintenaient la sécurité.Ces hommes les laissèrent passer.La maman tomba à genoux devant le corps inanimé de sa petite fille en pleurant toutes les larmes de son corps.C'était sans doute le spectacle le plus horrible qui soit.

-Je le savais qu'elle tiendrait pas longtemps!Mon Dieu qu'est ce que j'ai fait!Ou plutôt pas fait!

Et elle pleurait de plus belle, jettant des regards assassins à toute l'équipe qui avait organisé cette cérémonie.Jamais elle ne leur en voudrait assez pour lui avoir enlevé son enfant.Elle se mit à leur hurler.

-Mais vous aviez pas vu qu'elle était à bout!?!Vous la faites trimer!Elle n'en p-e-u-t p-l-u-s!Elle..Elle ne mange presque pas, ne dort pas plus, défile pour des abrutis de votre genre!Et tout ça pour quoi?Pour qu'on lui abîme la santé, qu'on l'épuise et la fasse mourir avant son heure!!Je vous hais...Vous avez pris mon enfant...Elle a 16 ans et ne ressemble même plus à une adolescente..Vous en avez fait un objet..

Les dernières phrases furent dites d'une voix désespérée.Son mari tenta de la calmer en la serrant dans ses bras et lui faisant part de paroles réconfortantes, mais il n'y parvint guère.Il savait très bien que sa femme avait raison.
D'un regard suppliant vers l'homme qu'il pensait soigner sa fille, il lui demanda la voix complètement déraillée.

-Comment va t-elle?Qu'a t-elle?

La mère de la jeune mannequin demanda ensuite à ce que tout le monde parte afin qu'elle reste seule avec son époux, sa fille, le médecin et la jeune femme qui se tenait auprès d'eux et qui paraissait adorable et folle d'inquiétude, elle aussi.
Elle fut exaucée et le visage en pleurs elle caressa les cheveux de sa fille, d'une main tremblante.